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Note d'intention
chorégraphique

Aurélien Lehmann

Mon approche du Tap Dance

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À la fois danse et instrument de percussion, le Tap Dance m’offre la possibilité d’interpréter physiquement la musique, en associant l’élan du danseur aux rythmes du musicien. Il s’agit d’une expérience musicale inédite et sophistiquée, car c’est l’une des rares danses qui relie simultanément le corps, qui danse, et l’esprit - la pensée musicale vive, en quelque sorte l’âme du musicien. Le Tap Dance me dote du pouvoir d’entrer « en vibration » avec la musique.

 

A ma façon, je cherche à recréer l’« atmosphère » des musiques qui m’inspirent, à en exprimer le caractère par le rythme et par la danse, à amplifier l’intensité musicale contenue dans l’oeuvre grâce aux nuances rythmiques, sonores et visuelles des claquettes. 

 

Mon interprétation consiste à me rapprocher du mouvement intérieur (« l’âme ») de la musique par la pulsation du rythme. Je souhaite amener le spectateur à vivre la musique en éprouvant son battement intérieur. Mon écriture chorégraphique tente de retranscrire visuellement et rythmiquement l’intensité de la partition et ainsi offrir une écoute et un regard renouvelés sur l’oeuvre du compositeur. 

 

 

Comment je conçois la chorégraphie ? 

 

Mes choix chorégraphiques suivent principalement trois intentions : 

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1 / « Danser la mélodie » : les pas de claquettes se calent sur la ligne mélodique et accentuent ainsi le chant du piano. L’attention se porte alors sur le geste et la chorégraphie qui « habillent » le rythme tout en reflétant l’intention musicale.  

 

2 / « Danser le rythme » : variations rythmiques et ornements (trilles, canons, décalages, syncopes, accentuations etc…), le « flow » des claquettes s’émancipe de la musique dans un jeu de rivalité/complicité virtuose avec l’instrument.

 

3 / « Swinger la musique » : insuffler du rythme ternaire dans la musique binaire comme un dialogue entre le jazz (swing) et le classique.

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Voir : Châtelet sur le Toit - A.Lehmann & F.R Duchâble 

 

La première étape dans l’élaboration d’une chorégraphie est celle de l’improvisation. Lorsque j’improvise, la musique guide mes pas et les rythmes passent directement de la tête aux pieds. Les figures s’agrègent petit à petit sous forme d’ « imprographie » (terme inventé par Gregory Hines pour désigner cette façon de chorégraphie en improvisant). Je construis ainsi ma chorégraphie, à tâtons, en récupérant et assemblant les meilleurs « trouvailles » techniques et rythmiques de ces expériences improvisées.

 

Dans un second temps, l’élaboration de la chorégraphie devient un exercice mental. En reproduisant l’oeuvre musicale dans mon imagination, je projette mes rythmes et mes mouvements, pour les reproduire ensuite dans la réalité. 

 

Ensuite, je perfectionne et corrige la chorégraphie en étudiant la partition et en l’annotant si nécessaire comme un musicien.

 

 

Claquettes et musique classique

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Danser les claquettes sur du classique conjugue naturellement mes deux grandes passions musicales, celle nourrie dès l’enfance à la musique classique, et celle découverte sur le tard, et grâce aux claquettes, du jazz, du swing et de l’improvisation. 

 

Un voyage de cultures en continents

 

Mêler musique classique et claquettes américaines, c’est faire dialoguer les cultures et les continents. 

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La musique classique est un leg européen, elle émane de la culture occidentale. L’art de la polyphonie est le résultat d’une lente évolution, débutée avec les chants chrétiens, une succession de systèmes théoriques constamment mis à jour en Europe.  

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Le Tap Dance est une danse du nouveau-monde. Elle possède des ramifications lointaines ancrées dans la culture et les rythmes africains. Elle épouse l’histoire de la musique jazz « noire » aux Etats-Unis. 

 

Les claquettes permettent de jeter un pont entre ces cultures et ces continents  : le génie européen, le miracle américain, les racines africaines.  Cette rencontre inattendue chante l’universalité du rythme, de la musique et de la danse.

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Danse et musique

 

La musique classique, comme la poésie, est par nature purement abstraite. Elle s’adresse à l’âme, sans artifices, par l’entremise d’une écoute solitaire, attentive, concentrée. On se sent transporté d’émotions lorsqu’on s’abandonne à elle (en fermant les yeux par exemple).

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Les claquettes, loin d’être un élément de « distraction », peuvent grâce à leur qualité visuelle et sonore agrandir l’expérience musicale du spectateur. Le rythme accentue l’intensité de l’oeuvre et la danse, sans se substituer à l’« esprit » de la musique, lui offre un prolongement tantôt agréable, tantôt envoûtant.

 

Une visée pédagogie

 

L’aspect spectaculaire des claquettes est un médium idéal pour initier un large public au répertoire classique sous une forme originale et captivante. Les morceaux choisis sont tous de grands « classiques » qui gagnent à être « vus » et « entendus » d’une façon originale à partir d’une interprétation fidèle à la musique, pour le plaisir des yeux et des oreilles. 

 

 

Comment j’ai débuté les claquettes ?

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J’ai toujours été attiré par les claquettes. Dès l’enfance, ce mot éveillait en moi une mystérieuse fascination. J’associais cette danse à de la prestidigitation, étant émerveillé de tous les sons qui pouvaient sortir d’une simple paire de chaussures ! À l’adolescence, je me pris de passion pour les films de Fred Astaire, et je vouais alors un culte à Rita Hayworth, l’idole de mes 15 ans. C’est à cet âge que je débutais mon apprentissage des claquettes, en autodidacte. Je passais des heures à me battre en duel avec le métronome, expérimentant des sons et des combinaisons de pas sans même connaître leur nom. Mais ce n’est que bien plus tard, à l’âge de 23 ans, après avoir assisté au spectacle de Savion Glover au Théâtre de la Ville, que la passion des claquettes refit surface et finit par accaparer l’essentiel de mon temps et de mon esprit. Grâce aux claquettes, j’ai découvert le jazz, l’improvisation et tant d’autres émotions insoupçonnées qui comblent pleinement mon amour de la musique, de la scène et de la comédie.

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